Les Genevois, dindons de la farce fiscale?
En résumé
Genève n’a pas besoin d’ennemis
Ce sont les autres cantons suisses qui doivent se gausser. Alors que l’immense majorité d’entre eux ont conscience qu’à trop tirer sur la corde fiscale, elle risque de rompre, la majorité de gauche du Conseil d’Etat genevois prête une oreille attentive aux délires fiscaux de la gauche. Inquiétant, pour ne pas dire irresponsable.
Replaçons le contexte. Fidèle à ses outrances, l’extrême gauche genevoise, assistée de ses sbires verts, socialistes et syndicaux, a lancé une initiative proposant d’introduire une contribution de solidarité sur la part de fortune dépassant 3 millions, pour une durée de 10 ans. Le message est clair : faisons payer les riches! Le problème, c’est qu’ils sont déjà largement dans le viseur du fisc cantonal. Ainsi, 1,3% des contribuables supportent déjà près de 66% des recettes générées par l’impôt sur la fortune, dont il est question ici. Un impôt qui est bien évidemment le plus élevés de Suisse. Et parions sans grand risque de se tromper que l’on doit trouver parmi ceux-ci les 0,2% de contribuables qui rapportent à eux seuls plus de 17% des recettes sur le revenu. Genève taxe donc déjà très fortement ses contribuables les plus aisés, bien plus que partout ailleurs. Dans le même temps, 36% de l’ensemble des contribuables ne paient pas un franc d’impôt. Le canton du bout du lac pratique la fiscalité la plus progressive de Suisse, très généreuse avec certains et très stricte avec d’autres. Mais ce n’est pas suffisant aux yeux des initiants, qui veulent encore accentuer la tendance.
Le mieux est l’ennemi du bien
On commence malheureusement à avoir l’habitude de ces propositions excessives. Mais ce qui est particulièrement inquiétant dans le cas présent, c’est que le Conseil d’Etat en valide le principe, ouvrant la porte à un contreprojet. Certes, ce dernier ramène la période de sur taxation à cinq ans, au lieu des dix prévus par l’initiative. Mais le problème n’est pas là : le gouvernement donne un bien mauvais signal à ses généreux contribuables. La majorité du Conseil d’Etat qui a soutenu cette option pense-t-elle que ces derniers sont des clients captifs de l’administration fiscale ? Imaginent-ils qu’il suffit d’augmenter les impôts pour accroitre dans la même mesure les recettes, selon une simple règle de trois arithmétique ? N’ont-ils jamais jeté un coup d’œil sur les pratiques des cantons voisins? Pourtant, il suffit de traverser la Versoix pour trouver des cieux fiscaux plus accueillants.
Les Genevois, dindons de la farce
Que ce nouveau matraquage à la sauce genevoise soit de cinq ou dix ans n’a pas que peu d’importance : une fois partis, ces bons contribuables ne reviendront pas. Et ce sera aux Genevois de payer la note, soit par une augmentation de leur fiscalité, soit par une diminution des prestations, soit par les deux à la fois. Ce seront eux les dindons de cette triste farce.