Crise de Credit Suisse: ne tirons pas sur l’ambulance

En résumé

Quinze ans après le sauvetage de l’UBS, la Suisse vit un nouveau tremblement de terre financier. C’est au tour de Credit Suisse de passer près de la correctionnelle.

A l’heure où les débats parlementaires font rage à Berne, la Confédération avait-elle un autre choix crédible que celui de mettre en place les conditions nécessaires au rachat de la banque?

Tout d’abord, un constat: la Confédération ne disposait pas de l’option idéale et il fallait choisir la stratégie du moindre risque. Un autre constat est que les leçons de la crise précédente ont été retenues, du moins en partie. Les risques liés aux grandes banques ne sont pas les mêmes qu’il y a 15 ans, où leur poids cumulé représentait sept fois le PIB de la Suisse, contre deux fois aujourd’hui. La stratégie du too big to fail a porté ses fruits. Mais il reste du chemin à faire, c’est certain. La chute de Credit Suisse tient en grande partie dans sa culture d’entreprise, et on peut légitimement s’interroger sur la pertinence de bonus lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous.

On peut se poser la question du rôle et des pouvoirs de la FINMA et être critique envers la stratégie de la Confédération. Oui, le Conseil fédéral a agi au plus vite, en faisant usage du droit d’urgence que lui imposait la situation. Non, la session parlementaire extraordinaire ne changera rien au choix de la Confédération. Peut-être permettra-t-elle de cadrer les conditions d’octroi de ces prêts et de ces garanties. Mais dans une situation donnée, avec une banque en pleine perte de confiance et à deux doigts du dépôt de bilan, la Confédération n’avait pas beaucoup d’autres alternatives que de sauver cet établissement capital de notre place financière et économique. Et une faillite aurait eu des conséquences largement plus dommageables, pour le personnel qui perd son emploi bien sûr, mais plus largement pour l’ensemble du secteur, qui représente 5,5% du total des emplois en Suisse et près de 10% des recettes fiscales. Au final, une place financière faible, c’est une place économique affaiblie. Les milliards de francs de caution se seraient alors transformés en milliards de pertes sèches, et personne n’a intérêt à un tel scénario.

Alors on peut se faire plaisir en désignant les responsables de cette chute, en stigmatisant un secteur honni par certains ou encore en dénonçant la stratégie du Conseil fédéral et en ne votant pas la garantie aux Chambres fédérales. Mais hormis des vociférations attendues en année électorale, cela n’apporte pas grand-chose. Aujourd’hui, nous avons besoin de retrouver la confiance, pour le bien de tous. Et de chercher des solutions qui permettent à l’avenir d’encadrer un secteur, pour éviter les dérives, mais aussi en lui laissant suffisamment de marge d’action pour se battre à armes égales avec ses concurrentes étrangères.