Sens au travail ou faire carrière: arrêtons de devoir choisir!

En résumé

Je viens d’être invitée à une conférence de haut niveau, organisée par une entreprise multinationale, au cours de laquelle des femmes témoigneront de leur carrière et des stratégies qu’elles ont mises en place pour arriver à leur poste.

Cette invitation fait écho à un petit livre que j’ai lu récemment, intitulé «Merci mais non merci», où l’auteure a interviewé de très nombreuses femmes, au bénéfice de formations de pointe et ayant grimpé les échelons des entreprises et de leurs grilles salariales avec célérité, mais qui ont renoncé à ces postes, pour deux raisons principales. Tout d’abord, elles ne se reconnaissent pas dans les structures en place, où l’efficacité est détournée au profit de la mise en avant de certains individus, par exemple lors de longues séances qui ne servent qu’à se placer et non à faire avancer l’entreprise. Ces femmes ont acquis les codes pour se mouvoir dans ces environnements, mais au fil du temps, elles n’y adhèrent pas ou plus. Ce constat débouche sur la deuxième raison: la perte de sens.

Passer à autre chose

Ce qui est frappant dans ces témoignages, c’est qu’aucune de ces femmes n’est amère ou ne regrette les années consacrées «à faire carrière». Aucune ne renonce d’ailleurs à travailler. Bien au contraire. Elles décident de passer à autre chose et le font avec efficacité. Cela implique dans l’immense majorité des cas de revoir ses revenus à la baisse, l’argent n’étant pas le principal moteur ni signe de réussite. En cela, elles rejoignent les jeunes générations, notamment la Z, soit les personnes nées entre 1997 et 2010, dont le but au travail est de s’épanouir et d’apprendre toujours plus, et non de faire carrière et de gagner toujours plus.

Changements de paradigmes

Ce sont des changements de paradigmes profonds, dont les entreprises doivent prendre la mesure. Elles doivent d’emblée et de manière proactive trouver des moyens pour mieux impliquer les femmes et les jeunes générations, de mieux en mieux formées, qui sont indispensables à la réussite économique. Il ne suffit plus de leur ouvrir la porte des entreprises en leur disant: «Venez et débrouillez-vous dans ce monde que vous n’avez pas créé. Adoptez ses codes et ne les remettez pas en cause». Il faut désormais repenser le système et inaugurer un nouveau management, une nouvelle approche de la relation professionnelle, plus efficace, plus à l’écoute, et de nouveaux espaces-temps de travail, qui amènent davantage de flexibilité pour plus de performance.

Transformation en marche?

En ces jours où Claudia Goldin a reçu le prix Nobel d’économie pour ses recherches sur les disparités salariales entre hommes et femmes, la question de l’organisation du monde du travail et des aspirations des personnes qui le composent doivent nous faire réfléchir. Je me réjouis de participer à la table-ronde de cette entreprise multinationale de la place pour entendre si la transformation est en marche.