La politique européenne doit revenir sur le devant de la scène
En résumé
Prise d’otage et dommages collatéraux. Ce n’est pas le titre d’une nouvelle série mais bien le résumé du mauvais scénario joué par certains partis avec en toile de fond la politique européenne de la Suisse.
Pour certains, les considérations de politique intérieure ont totalement pris le dessus sur la politique étrangère et les enjeux de commerce extérieur. Et nos relations avec l’Europe sont ainsi utilisées comme monnaie d’échange pour faire avancer des projets qui n’obtiennent pas de majorité.
Frontex, accord-cadre, accord sur la recherche: des enjeux clé phagocytés par la politique interne
Dernier exemple en date, la votation sur Frontex. Si la population a heureusement plébiscité l’engagement de la Suisse à l’espace Schengen, il faut rappeler que la gauche avait lancé le référendum en espérant pouvoir négocier son soutien à Frontex contre une hausse du nombre de requérants d’asile en Suisse. Qu’importait les dégâts potentiels pour notre pays dans sa relation avec l’Europe ou les enjeux sécuritaires et économiques, qu’importait le fait que l’accueil de réfugiés soit une question de politique interne totalement indépendante de Frontex; la perspective de pouvoir passer en force un renforcement du droit d’asile à quelques mois des élections fédérales a primé sur toute autre considération. Même scénario l’année passée pour l’accord-cadre qui aurait permis d’assurer l’accès au marché européen, et qui a été torpillé notamment par les syndicats sous couvert de surveillance du marché du travail suisse. L’attitude est identique sur l’autre front de l’échiquier politique, où les anti-européens traditionnels préfèrent défendre une vision mythifiée de la souveraineté, au détriment par exemple de la coopération internationale en matière de recherche. Joël Mesot, président de l’EPFZ, a récemment rappelé lors de l’Assemblée générale de la FER Genève le coût pour la place de recherche suisse de son exclusion des réseaux de recherche et des fonds européens. C’est toute la capacité d’innovation de la Suisse et sa prospérité qui est ébranlée, pour quelques voix de plus.
Le oui du 15 mai, un signal très clair de la population en faveur de la voie bilatérale
Prise au piège de la politique intérieure, la Suisse a claqué la porte au nez de l’Union européenne l’année passée. Elle est bien obligée de revenir timidement auprès de son principal partenaire au vu de son besoin vital d’accéder au marché européen et de coopérer dans de multiples domaines. Il s’agit maintenant de répondre à la Commission européenne qui souhaite obtenir plus de clarté sur la position suisse. Le cherry-picking est exclu. Même la Grande-Bretagne, qui se veut Global, l’a appris à ses dépens. Un Etat tiers ne peut pas être mieux traité qu’un membre de l’UE. Il appartient à la Suisse de définir le degré d’intégration qu’elle souhaite, afin d’obtenir les droits qui y sont associés et d’assumer les obligations qui en découlent. La déferlante de oui du 15 mai en faveur de Schengen donne un signal clair à nos autorités et aux partis qui jouent avec le feu en matière de politique européenne. La population suisse veut des relations étroites et apaisées avec ses voisins européens.