Négociations salariales: entre rêve et réalité

En résumé

Chaque automne, les syndicats réclament une hausse conséquente des salaires. C’est le jeu de la négociation: partir de haut pour obtenir le plus possible. Cette année, un élément vient perturber cette tradition saisonnière.
Depuis mars 2020, le monde fonctionne au rythme de l’épidémie de Covid-19 et de l’incertitude que celle-ci fait planer sur la reprise des activités. Toutes les branches n’ont pas subi le même impact. Certaines s’en sortent, plutôt bien, alors que d’autres essaient de passer cette période avec le moins de dégâts possibles, voire simplement de rester en vie.
Or, la faitière syndicale USS revendique une augmentation généralisée de 2% ou de 100 francs des salaires mensuels. Certains syndicats vont plus loin, demandant 3% d’augmentation.

Il s’agit pour eux de récompenser les efforts fournis durant la crise et de faire en sorte que la forte reprise économique (sic) profite également aux salariés. Le problème est que cette soi-disant forte reprise suit un recul économique historique. Certaines activités ont particulièrement souffert, comme la vente de détail non alimentaire, la restauration et, globalement, toutes les branches liées au secteur du tourisme. Rien ne permet de dire que l’on retrouvera le même niveau d’activités d’avant crise. Dans ces secteurs, celle-ci a en effet engendré de nouvelles habitudes de consommation ou renforcé des tendances existantes. Le e-commerce s’est accentué, la livraison de repas à domicile tend à remplacer le restaurant traditionnel et le service en ligne semble s’installer durablement dans les habitudes de vie des Suisses. On peut également relever que la situation varie selon les régions: l’hôtellerie grisonne ou valaisanne a davantage tiré son épingle du jeu que la genevoise, très orientée vers le tourisme d’affaires.

Les exigences syndicales généralisées sont déconnectées de la réalité économique. Les négociations doivent être menées au sein des branches et des entreprises, en fonction de la situation propre à chacune d’elles. Il n’est pas question de prétendre que la richesse ne doit pas être partagée. Mais avant de la redistribuer, il faut parvenir à la créer ou à la restaurer de manière pérenne.