Blaise Matthey, vice-président de l’OIE
En résumé
Blaise Matthey, directeur général de la FER Genève, a été élu vice-président de l’Organisation internationale des employeurs (OIE) et membre titulaire du Conseil d’administration du Bureau international du travail (BIT). Il nous explique en quoi consistent les activités de l’OIE et ce que représentent ces élections.
Quelles sont les tâches principales de l’OIE?
L’OIE comprend plus de cent cinquante organisations membres pour près de cent quarante pays. Cela veut dire qu’elle représente environ cinquante millions d’entreprises. Son siège est à Genève. Elle a été fondée en 1920.
L’OIE est le seul représentant des entreprises dans les débats sur les politiques sociales et sur l’emploi qui se déroulent à l’Organisation internationale du travail (OIT), à l’ONU, au G20 et dans d’autres forums émergents. C’est le plus grand réseau global du secteur privé.
Sa vision consiste à créer un environnement économique durable dans le monde, qui permette de promouvoir la libre entreprise et qui soit équitable et avantageux tant pour les entreprises que pour la société. Elle défend un dialogue ouvert, orienté sur l’action.
A la base, elle a été créée pour être la composante patronale de l’OIT, qui est la seule organisation tripartite - gouvernement, patronat, syndicats - du système onusien. Elle continue de représenter cette composante dans de nombreuses institutions onusiennes, mais son action s’étend au-delà, avec une présence dans les principaux forums mondiaux sur l’emploi et les relations sociales.
Au cours des 100 dernières années, l’OIE s’est efforcée de tirer parti de son expérience et de ses compétences pour peser sur les débats concernant les problèmes les plus urgents pour les entreprises et les employeurs du monde entier. Son ambition est d’être une voix puissante et équilibrée des entreprises pour façonner et conduire l’agenda mondial sur les thématiques précédemment citées.
Les employeurs et les entreprises sont aujourd’hui confrontés à un nombre croissant de défis liés au développement des compétences, à la migration de la main-d’œuvre et à la nature évolutive du travail lui-même, pour n’en nommer que quelques-uns. La crise du Covid les a renforcés, mettant en danger l’existence de très nombreuses entreprises et conduisant à la perte de millions d’emplois. La transformation de l’économie vers un plus grand respect des contraintes environnementales constitue également un défi majeur.
L’OIE donne l’occasion d’échanges globaux grâce à ses manifestations, ses réseaux et ses partenariats. Elle assiste ses membres par des informations, des analyses et des conseils concrets sur les questions sociales et du travail. Elle soutient aussi les organisations d’employeurs partout où elles sont attaquées par les gouvernements ou des tiers. Elle offre de nombreuses possibilités de formation en plus d’une palette de services réservés aux sociétés.
Elle a créé six groupes de travail sur les thématiques suivantes.
- Droits de l’homme et conduite responsable des entreprises
- Développement durable
- Relations professionnelles
- Migration de la main-d’œuvre
- Emploi et qualifications
- Avenir du travail
Que représentent vos nominations pour la Suisse?
C’est un honneur que de pouvoir représenter les employeurs et les entreprises de la région Europe et Asie centrale au sein de l’OIE en tant que vice-président et de présider ce groupe. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à mes pairs pour leur soutien unanime. Je ne m’attendais d’ailleurs pas à ce qu’ils me proposent cette fonction. Ce n’était pas évident dans la mesure où, si la Suisse a confirmé son engagement pour les organisations internationales, elle connaît un débat pour le moins complexe sur ses relations avec l’Europe.
J’ai également été élu membre titulaire du Conseil d’administration du BIT au moment où la Suisse, du fait des rotations en vigueur, n’a plus de siège gouvernemental. Je connais le fonctionnement du Conseil, car j’ai participé à ses séances depuis 2017 en tant que membre adjoint.
Les relations avec la composante gouvernementale sont excellentes, comme avec la partie syndicale, même si nous avons des divergences et s’il leur arrive de venir manifester devant le siège de la FER Genève.
Et pour vous?
C’est évidemment un honneur et une reconnaissance à titre personnel, mais surtout pour la FER Genève et l’Union patronale suisse (UPS), qui est le membre suisse de l’OIE. Ma gratitude va à cette dernière pour sa confiance et son appui. J’y vois la reconnaissance du travail que j’ai effectué depuis 2011 au sein de l’OIE, dont je suis aussi le trésorier, et de l’OIT, avec la vice-présidence de la Conférence internationale du travail en 2012, mon intervention au Forum européen d’Istanbul en 2017 et de nombreuses autres participations à divers débats sur la migration et l’apprentissage, notamment, sans parler du suivi régulier du travail de l’Organisation et de ses Conférences internationales, comme de son Conseil d’administration.
C’est au surplus un défi par l’ampleur des domaines à couvrir et l’organisation que cela implique. Mais l’équipe de l’OIE est formidable à tous points de vue et j’ai la chance d’être bien assisté aussi au sein de la FER Genève et de l’UPS. Je tiens à exprimer à tous mes remerciements pour leur appui passé et…à venir.
Concrètement, quelles sont vos tâches?
Je dois faire la synthèse de la position des employeurs d’Europe – celle-ci étant à comprendre au sens géographique large du terme – sur le monde du travail. Nous examinons son évolution et différents thèmes qui lui sont intimement liés comme l’apprentissage, la sécurité sociale, le travail décent, etc. Il s’agit de dégager une vision commune des pays concernés. A cette fin, les organisations nationales recueillent l’avis des entreprises travaillant sur leur sol, développant ainsi une appréciation concrète des réalités du terrain que nous remontons au niveau global. Le réseau très développé de l’OIE permet de connaître, de mesurer et de suivre la situation au quotidien.
Nous échangeons régulièrement et nous réunissons plusieurs fois par année, que ce soit par visioconférence ou en nous rendant sur place, dans des pays membres, lorsque c’est possible. C’est une tâche menée avec l’ensemble des acteurs concernés. L’OIE porte au niveau international les revendications des organisations nationales d’employeurs et d’entreprises et de leurs membres dans les domaines de la politique socio-économique et de l’emploi, comme de la liberté syndicale, dont des employeurs sont privés dans certains pays. Les discussions au niveau international, on le sait bien, peuvent avoir des effets très concrets sur la vie des entreprises. Il ne faut en aucun cas les négliger.
Tripartisme et dialogue social
L’Organisation internationale des employeurs (OIE) a été fondée pour être la composante patronale de l’Organisation internationale du travail (OIT). Bref aperçu des actions de l’OIT et de son secrétariat permanent, le Bureau international du travail (BIT) (source: ilo.org)
L’action de l’OIT repose sur l’a coopération entre les gouvernements et les organisations d’employeurs et de travailleurs, en vue de favoriser le progrès économique et social.
L’OIT s’emploie à répondre aux besoins des travailleurs grâce à des normes du travail, des politiques et des programmes conçus et élaborés conjointement par les gouvernements, les travailleurs et les employeurs. La structure de l’OIT, au sein de laquelle les syndicats et les organisations patronales participent aux délibérations sur un pied d’égalité avec les gouvernements, incarne le dialogue social en action. Elle veille à ce que les points de vue des partenaires sociaux soient fidèlement reflétés dans les normes du travail, les politiques et les programmes de l’OIT. Celle-ci encourage ce tripartisme parmi ses mandants employeurs, travailleurs et Etats membres en facilitant le dialogue social entre syndicats et organisations d’employeurs pour formuler, et le cas échant mettre en œuvre, une politique nationale en matière de questions sociales, économiques et dans d’autres domaines.
Ses principaux organes de gouvernance sont:
- la Conférence internationale du travail, qui détermine les normes internationales du travail et les grandes orientations de l’OIT. Souvent désignée comme le parlement international du travail, cette Conférence annuelle est aussi un forum de discussion pour les principales questions de travail et de problèmes sociaux;
- le Conseil d’administration, qui est l’organe exécutif de l’OIT. Il prend des décisions relatives à la politique de l’OIT et établit le programme et le budget qui sont ensuite soumis pour adoption à la Conférence;
- le Bureau international du travail (BIT), qui est le secrétariat permanent de l’OIT. Il sert de quartier général à l’ensemble des activités de l’OIT qu’il met en œuvre sous le contrôle du Conseil d’administration et sous l’autorité du Directeur général.