Intelligence artificielle: Un centre suisse au service des PME
En résumé
Les entreprises pourront recourir aux services concrets proposés par cinq écoles d’ingénierie de la HES-SO
Constellium est actif dans la fabrication de produits en aluminium, notamment des pièces laminées. Or, pour acheminer ces marchandises à ses clients, le groupe valaisan doit surmonter des défis complexes. Il faut en effet optimiser le chargement, en tenant compte des exigences de sécurité et des lois qui changent selon la destination, suisse ou européenne. Au vu de ces difficultés, le recours à l’intelligence artificielle (IA) est apparu indispensable à Constellium, qui a approché la direction du tout nouveau Centre suisse d’intelligence artificielle pour les PME (CSIAPME), plusieurs mois avant sa création formelle. Ce dernier s’est chargé de la mise en relation avec des chercheurs de la HES-SO du Valais, spécialisés dans les systèmes industriels. Darko Petrovic, collaborateur scientifique, résume le défi qui s’est présenté. «Pour ce projet, il s’agissait de trouver la meilleure méthode d’empiler les paquets, une quête semblable à trouver la bonne combinaison d’un jeu de loterie», résume-t-il, non sans humour. Sans se décourager, l’équipe dirigée par Dario Petrovic a décidé de mettre en concurrence deux algorithmes aléatoires. Après expérience, l’un des deux s’est avéré adapté à la demande.
Fédérer les forces
Présenté dans le cadre du lancement du CSIA-PME, ce cas est emblématique des apports très concrets offerts par cette nouvelle structure. «Notre but est de fédérer les forces de cinq écoles d’ingénierie, qui ont à la fois l’avantage et l’inconvénient d’être dispersées dans les différentes régions de Suisse romande. D’un point de vue positif, celles-ci sont au plus près du terrain des PME locales, mais le bémol réside dans le manque de visibilité sur les réalisations de chacune», résume Jean Hennebert, responsable du centre et professeur en informatique à la HES de Fribourg.
Désormais, cinq répondants font office de «porte d’entrée» du centre, à Genève, Yverdon, Neuchâtel, Fribourg et Sion. Ils pourront être saisis par les PME pour des études de cas avec le potentiel de l’IA.
Nouvelle phase d’accélération
Concrètement, une centaine de collaborateurs scientifiques sont impliqués dans ce réseau, chargés de plusieurs idées en phase de test ou de lancement. Comme le confirme Francesco Carrino, professeur à la HES Valais et spécialiste de l’interaction homme-machine ainsi que du traitement de données psychophysiologiques, il semble que les avancées technologiques impliquant l’IA connaissent une nouvelle phase d’accélération. Il constate qu’au cours de l’histoire, les avancées technologiques ont toujours connu des progressions non linéaires, puisqu’elles doivent être acceptées sur le plan social. Actuellement, après la phase de reconstruction qui a suivi la pandémie, la reprise économique peut bénéficier de l’apport de l’IA. Or, si certaines peurs au sujet de cet emploi peuvent se faire sentir par secteurs, les spécialistes se veulent rassurants: «Nous constatons aujourd’hui que l’adoption de l’IA s’apparente plutôt à un outil dont l’homme conserve la maîtrise. Dans tous les cas que nous traitons, la décision finale lui appartient toujours», conclut Fransceso Carrino.
Sur le plan formel, le CSIA-PME devrait monter en puissance dans les années à venir. «Avec le soutien du réseau HES-SO, nous pouvons proposer dix chèques par année, équivalent à près de deux cent heures au tarif horaire d’un ingénieur, à charge pour les PME impliquées de financer le tiers restant», précise Jean Hennebert. Le résultat de ces opérations se veut gagnant-gagnant. D’une part, les entreprises ont un accès facilité à des technologies qu’elles auraient pu craindre inaccessibles à leur niveau. De l’autre, ce contact direct avec les entreprises permet aux écoles d’ingénieurs d’orienter au mieux leur formation en IA, pour les faire correspondre aux besoins réels.
«Les synergies entre les différentes écoles vont être facilitées», prédit Francesco Carrino. Autre gain attendu: une meilleure visibilité donnée aux hautes écoles du réseau HESSO, qui entendent bien jouer leur carte au même titre que le font déjà les écoles polytechniques. «Nous nous adressons tout particulièrement aux structures de taille moyenne ou même petite, sachant que les grands acteurs ont déjà avancé dans leurs propres solutions», conclut Jean Hennebert.