Carrières féminines : Enjeux complexes
En résumé
Une entreprise de la place organisait récemment un bel événement. Un extrait de la liste des participants, sorte d’inventaire des VIP de la soirée, rassemblant les directeurs généraux et présidents d’entreprises suisses, m’a été transmis en amont.Sur une bonne quarantaine de noms ne figurait… qu’une seule femme!
Même si les chiffres nous montrent qu’il n’y a que 10% de femmes à la tête des entreprises en Suisse, en avoir une telle preuve est atterrant. Elle est le reflet d’une triple réalité: les femmes sont moins nommées à des postes à hautes responsabilités et osent moins s’y présenter; lorsqu’elles y accèdent, elles sont moins enclines à l’exposition publique.
Les difficultés auxquelles se heurtent les femmes sur le marché du travail sont multiples et complexes. Bien que majoritaires dans les études supérieures, elles sont sous-représentées dans les hautes sphères. Elles se tournent plus volontiers vers des professions à forte composante féminine, connues pour être moins rémunératrices. Elles réalisent la majorité des tâches liées à la famille et au foyer, étant ainsi surreprésentées parmi les temps partiels. Cette addition de facteurs fait que, globalement, les femmes gagnent moins que les hommes.
Cette sorte de réaction en chaîne est certes la conséquence de choix faits par les femmes, mais ils sont souvent effectués en réaction à une situation donnée. Ainsi, un manque de places en crèche ou de structures parascolaires aura une incidence sur le taux d’activité des mères. Un manque de figures féminines inspirantes venant de métiers plus masculinisés, comme les professions techniques, pourtant passionnantes, ou une orientation professionnelle biaisée sont autant d’occasions manquées pour les jeunes femmes de faire des choix professionnels plus audacieux. Sur ces points, il existe des enjeux sociétaux évidents, surtout à l’heure où la pénurie de main-d’œuvre qualifiée est déjà une réalité pour un certain nombre de secteurs.
La participation des femmes à la vie économique doit aussi être considérée sous l’angle de la loi sur l’égalité. Les chiffres de cet été, issus de la première analyse de la structure salariale imposée aux entreprises de plus de cent collaborateurs, sont encourageants: 97% des entreprises concernées respectent les exigences de l’égalité salariale. Ces chiffres sont bien entendu à considérer avec précaution, s’agissant d’une moyenne générale, et les entreprises de plus petite taille n’étant pas soumises à ce contrôle. Cela dit, la démarche effectuée et les résultats obtenus témoignent d’une réelle prise de conscience et de la volonté de briser le tabou autour du montant des salaires. L’égalité salariale doit rester une constante préoccupation, mais le soutien des carrières féminines dans tous les secteurs d’activité doit parallèlement gagner en importance.