Monnaie numérique: l'idée fait son chemin
En résumé
Le concept de la monnaie digitale fait son chemin dans le club des banques centrales.
La Banque centrale européenne devrait annoncer avant la fin du mois d’août si elle va étudier le dossier en détail. En cas de réponse positive, on estime à deux ans le temps nécessaire pour passer en revue les aspects techniques et de politique monétaire d’un euro digitalisé.
Utilisable en ligne et hors ligne, ce dernier serait une sorte de complément aux billets et aux jeux d’écritures habituels. Pour le grand argentier, une fois le système mis en place, le coût de la gestion de la masse monétaire serait réduit. La question de la confiance demeure fondamentale chez les utilisateurs. Une campagne forte d’explication paraît inévitable pour cet outil novateur, exactement comme ce fut le cas lors de la création de la monnaie unique européenne.
Depuis plus d’un an, la Banque nationale suisse travaille sur le sujet en coopération avec ses homologues canadienne, japonaise, britannique, suédoise et européenne. Ce groupe s’intéresse à la monnaie numérique de banque centrale, en soulignant qu’il ne s’agit que de travaux exploratoires, sans aucune décision à prendre pour le moment. La Chine, en revanche, a décidé de franchir le pas. Testée dans les grandes villes du pays, le renminbi dernier cri est entièrement dématérialisé, mais il n’utilise pas le mécanisme de la blockchain. Il reste contrôlé par les gros ordinateurs de la banque centrale chinoise. Elle aimerait étendre sa technique plus largement lors des JO d’hiver de 2022 à Pékin.
La préférence
Dans cette forme inédite de l’argent, les banques centrales tiennent compte du développement fulgurant des moyens de paiement électroniques, qui leur échappent pour l’instant. Actifs numériques, cryptomonnaies, stable coins sont autant de solutions de paiements en mains privées. Elles correspondent à la fois à un besoin de l’économie moderne tout en soulevant certaines interrogations sur leur gestion et leur stabilité dans le système financier. Numériser une devise classique pose aussi des questions. Les experts cherchent à déterminer si, par exemple, il n’y aurait pas des mouvements peu souhaitables sur le marché des changes entre une devise qui serait électronique et une autre qui ne le serait pas.
D’autre part, que deviendrait alors le système SWIFT? Cette Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication devrait revoir une bonne partie de ses procédures. Au niveau de l’utilisateur, des éléments culturels seront également à prendre en considération. Les enquêtes régulières de la Banque nationale suisse indiquent que l’usage des billets et de la carte de crédit dépendent de nombreux facteurs tels que l’âge de la personne et son niveau de revenu. Une devise purement électronique serait également sensible à ces paramètres.