Valoriser les mâchefers pour les réutiliser

En résumé

Le Département du territoire organisait une conférence réunissant des experts du recyclage des mâchefers. Ces résidus, issus de l’incinération des déchets et potentiellement polluants, représentent un peu moins de 20% du total de la masse de nos déchets traités par combustion. De nouvelles solutions existent pour limiter la pollution et augmenter leur réutilisation.

Alors qu’il y a quarante ans les mâchefers étaient valorisés dans la construction de routes, de chemins ou pour réaliser la piste de l’aéroport, ils ont été interdits une dizaine d’années plus tard, car trop polluants. Actuellement, la tendance est à l’économie circulaire, qui promeut la réutilisation de ces résidus solides issus de l’incinération des déchets. Ces matériaux qui ne brûlent pas sont notamment les métaux nobles comme l’or, l’argent ou le platine issus des bijoux ou d’appareils électroniques, les métaux ferreux et non ferreux comme le cuivre, le fer, le zinc ou l’aluminium provenant de boîtes de conserve, de canettes ou de piles, les métaux lourds comme le plomb, l’arsenic ou le chrome issus des batteries ou d’appareils électroniques, les cendres issues de la combustion et les sels. 

Concasser pour mieux trier

Pierre-Alain Wulser, géochimiste pour le bureau Australp Sàrl, concepteur des procédés genevois de retraitement des résidus de l’incinération, a imaginé une solution permettant de broyer les mâchefers pour en retirer les métaux, les sels, les cendres, les pierres, les verres, les céramiques et autres imbrûlés. «Entre 13% et 16% de métaux sont contenus dans les mâchefers. En les concassant à une taille de moins de trois millimètres, il est plus simple de trier les différents composants et de créer un matériau avec une concentration de 60% de métal. En broyant ces résidus à une taille d’un millimètre, plus de 60% d’entre eux peut être revalorisé, ce qui entre dans les normes légales minimum.» Pour le recyclage, l’inventaire de la qualité des mâchefers est important. «Après le lavage, la qualité augmente, ce qui permet de réaliser des sables et des graviers utilisables dans la construction, par exemple», indique Gisela Weibel, collaboratrice scientifique à l’Institut de géologie de l’Université de Berne. «Une volonté claire des acteurs de la branche pour utiliser ces matériaux sur du long terme serait la preuve du besoin par l’industrie du béton», ajoute Karine Siegwart, vicedirectrice de l’Office fédéral de l’environnement. Pour PierreAlain Wulser, une discussion avec les cimentiers doit être entamée pour les inciter à utiliser ces nouveaux sables et à développer une filière de valorisation durable selon les critères de la Confédération.

Penser la fin de vie des matériaux

L’Ordonnance sur la limitation et l’élimination des déchets a été révisée en 2016, comme l’a rappelé Karine Siegwart. Elle a pour objectif d’exploiter durablement les matières premières naturelles et de les revaloriser. Les valeurs limites de nocivité sont relatives à la composition totale des produits. Un consensus national aiderait à la viabilité économique de projets innovants. «Nous devons, dès la production, penser à la fin de vie des matériaux, car il est plus cher de nettoyer que de prévenir la pollution».