Un programme veut accompagner les PME genevoises dans l’économie circulaire

En résumé

Vingt PME genevoises seront sélectionnées dans le cadre d’un programme d’accompagnement dans la mise en œuvre de l’économie circulaire. Elles bénéficieront d’un coaching et développeront des synergies.

L’économie circulaire, la plupart des entreprises sont pour, ou presque (voir définition de l’économie circulaire ci-dessous). Le problème commence quand on veut passer à la pratique. Il n’est pas toujours facile de savoir par où commencer et comment trouver des synergies avec ses voisins. Un programme pour les aider à le faire vient d’être lancé: La Fabrique Circulaire. Il s’adresse aux PME genevoises.

Il ne s’agit pas du premier programme visant à accompagner les entreprises du canton dans l’économie circulaire. ECOMAT a été lancé en 2002 pour valoriser les déchets et déblais de construction. écoParc, qui a débuté en 2014, vise à générer des synergies entre les entreprises des zones gérées par la Fondation pour les terrains industriels. La plateforme genie.ch réunit les acteurs de l’économie circulaire autour d’un réseau et des partages d’expérience. Ces initiatives ont été lancées par les pouvoirs publics. La Fabrique Circulaire, en revanche, est un programme privé.

A l’origine se trouve la société de conseil genevoise SOFIES, qui a une longue expérience dans le domaine. Elle bénéficie pour ce programme du soutien du Fonds pionnier Migros. Les PME du canton (de un à deux cent cinquante employés) peuvent faire dès aujourd’hui acte de candidature pour y participer. Le programme s’adresse avant tout à celles qui font une consommation substantielle de ressources (matière ou énergie). Il peut s’agir aussi bien d’une exploitation agricole que d’un centre de données ou d’une industrie. La sélection sera faite selon plusieurs critères: motivation du candidat, capacité à dynamiser et à renforcer la durabilité de la filière, possibilité de créer des synergies avec les autres entreprises du programme, etc. Un jury examinera les dossiers et en sélectionnera vingt. La Fabrique Circulaire durera dix-huit mois et les participants s’acquitteront d’une somme de cinq mille francs, «pour des prestations qui valent cinq à six fois cette somme», assure Maël Bocquart, chargé de communication du programme.

Audit préliminaire

La première étape du programme consiste à évaluer le potentiel des PME lauréates en matière d’économie circulaire. Celles-ci s’engageront ensuite dans la mise en place de stratégies et de solutions industrielles d’économie circulaire lors de rendez-vous mensuels avec les spécialistes de SOFIES. Des ateliers d’une demi-journée seront également organisés pour développer les collaborations entre PME dans leur domaine d’activité, selon les besoins.

Il s’agira de développer des outils concrets, comme l’utilisation des rejets d’une entreprise comme ressource pour une autre, la mise en place de démarches d’écoconception ou la mutualisation de certains services. «Tout est ouvert», explique Maël Bocquart. «Les besoins des participants nous guideront.»

Les solutions trouvées dans le cadre du programme pourront ensuite être reprises ailleurs, par d’autres entreprises, dans d’autres cantons, etc. Une deuxième édition de La Fabrique Circulaire devrait prendre le relais en 2023.

L’économie circulaire, qu’est-ce?

Le modèle économique issu de la révolution industrielle est linéaire. On prélève des ressources dans la nature, on les utilise, puis les résidus (chaleur, déchets, etc.) sont dissipés dans la nature ou mis en décharge. L’économie circulaire veut lui substituer un modèle en boucle, comme celui des écosystèmes naturels. Elle agit sur plusieurs leviers. Elle cherche d’abord à minimiser le recours à des ressources naturelles, en intégrant cette préoccupation dès la conception des produits et services. Les ressources que l’on utilise tout de même doivent l’être de la manière la plus parcimonieuse possible. Cela peut passer par l’utilisation de processus peu gourmands en énergie ou par la mutualisation des ressources. Les commerces d’un même site peuvent par exemple grouper leurs livraisons pour éviter des trajets inutiles, des parkings ou des systèmes de chauffage peuvent être partagés entre des entreprises. Enfin, les ressources doivent être valorisées au maximum, en les utilisant plusieurs fois lorsque c’est possible. Des huiles et des pneus usagées peuvent ainsi être utilisés comme combustibles dans une cimenterie, et la chaleur récupérée pour alimenter un réseau de chauffage à distance.Tout cela implique que les entreprises ne travaillent pas chacune dans son coin, mais collaborent activement.

Un écoparc industriel

Un parc permettant de découvrir l’écologie industrielle, un concept voisin de celui d’économie circulaire, a été ouvert vendredi 28 mai dans la zone industrielle de Bois-de-Bay, dans le canton de Genève. Il offre des parcours de découverte aux principes de l’écologie industrielle. C’est le résultat d’une collaboration entre le canton, la Fondation pour les tes terrains industriels, la commune de Satigny et l’entreprise de recyclage Serbeco. Le ZIBAY ECOPARC vise à sensibiliser le public, notamment jeune, à l’écologie industrielle, à montrer la diversité et les différentes filières professionnelles liées au domaine et à contribuer à transformer durablement les comportements.

Si les concepts d’économie circulaire et d’écologie industrielle se recoupent largement, l’écologie industrielle possède, en plus de sa dimension pratique, une dimension analytique. Elle a développé des méthodes permettant d’analyser les systèmes économiques de la même manière qu’on le fait pour les écosystèmes naturels. Malgré son nom, elle ne se limite pas à l’industrie, mais peut être appliquée à l’ensemble des secteurs de l’activité humaine