Revendications salariales: et c’est reparti!

En résumé

C’est Travail.Suisse qui lance le débat mais on ne doute pas une seconde que d’autres vont lui emboiter le pas: les salaires doivent être augmentés en raison de la reprise.

Certes, c’est une ritournelle traditionnelle, que l’on entend année après année. Mais là, elle sonne particulièrement faux. Si la reprise «battrait son plein» selon le syndicat, encore faut-il considérer d’où on vient. En l’occurrence, 2021 fait suite à une année 2020 marquée par l’un des plus forts reculs que l’économie suisse ait eu à subir ces dernières décennies (-2,6% du PIB). Et si les projections sont optimistes, il faut se rappeler que cela reste des prévisions et que nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle vague, qui pourrait les mettre à mal. Surtout, la reprise ne sera pas la même pour tous les secteurs, et certains restent particulièrement fragiles, avec des réserves réduites à néant.

Il n’est pas question ici de prétendre que les fruits de la prospérité ne doivent pas être partagés. Ils le sont d’ailleurs largement en Suisse, qui offre les conditions de travail parmi les plus généreuses au monde. Mais exiger, comme le fait Travail.Suisse, d’importantes augmentations salariales généralisées relève du slogan tapageur, déconnecté de la réalité. Et si les syndicats laissaient un peu de côté le terrain médiatique pour revenir à la table des négociations, afin de discuter d’un plan réaliste de sortie de crise? Les relations en seraient apaisées, l’emploi renforcé et les salariés in fine mieux entendus.